Pourquoi avoir choisi Oci comme version d’Occi en langue corse ?



Pourquoi avoir choisi Oci comme version d’Occi en langue corse ?
Signataire de la charte de la langue corse instaurée par le vote unanime de l’Assemblée de Corse du 1er juillet 2005 et désireux de contribuer activement à la présence visible de la langue corse dans la société, notre municipalité a souhaité s’entourer d’une équipe de professionnels afin d’utiliser prioritairement la langue corse dans la toponymie et les appellations spécifiques relevant du patrimoine de notre commune.
C’est ainsi que nous avons créé autour de Stéphane Serra, Professeur de langue et culture corses et Pierre Bertoni, Directeur de « A Casa Balanina di a Lingua », chargé de mission en langue corse auprès du Recteur de l’Académie et également professeur de langue et culture corses, un groupe de travail chargé notamment de la traduction de textes destinés à la signalétique de notre sentier du patrimoine.
Immédiatement a été soulevé le problème de la transcription du toponyme Occi qui dévoile une difficulté entre l’orthographe et la prononciation de ce terme.

Une petite explication s’impose.

Une grande partie de la toponymie en corse puise son origine dans le toscan. Le corse a été depuis son origine une langue essentiellement transmise par voie orale, par contre, tout ce qui était écrit l’était ,depuis l’antiquité, en latin puis en toscan, langues de la classe dominante, et cela, jusqu’au début du 20ème siècle.
A cette époque il y a eu une prise de conscience concernant la subtilité de la langue corse, son originalité et les différences marquantes existantes avec la langue italienne, en particulier avec le système des cambiarine (consonnes et voyelles mutantes).
Pour simplifier, « Occi » se prononcerait donc en corse « Otchi » (par exemple « accidente », « atchidente », « cc » se prononce « tch » entre 2 voyelles), si l’on veut garder la prononciation « Odji » existante dans notre vocabulaire il devient nécessaire de l’écrire Oci (par exemple acellu, adjellu, car « c » se prononce « dj » entre 2 voyelles).
Pourtant on a toujours vu écrit Occi sur de nombreux documents, cartes, cadastres… C’est vrai ! Certaines cartes de la corse datant du milieu du 18ème siècle sont les témoins de cet orthographe, la fin du 17ème nous dévoile des Ochi, voir Occhi. Le 16ème nous rapporte des Hogi, Hocii, Hoci.
Quant à la première mention connue de ce lieu, elle nous vient du cartulaire de San Venerio del Tino, abbaye ligure propriétaire de terres dans la vallée de Spano. Il y est fait mention d’un litige entre Iohanpetro de Oci contra a Iacobo de Oci sur la possession d’une terre située à a Leccia Pilosa à la Mandola, le 31 janvier 1467.
Ce dernier document légitime, un peu plus à nos yeux, notre choix orthographique.
Bien entendu, l’utilisation d’Occi avec sa graphie toscane (retranscrite par les ingénieurs français du plan Terrier en 1792) reste évidente pour qui le souhaite, car il demeure le témoin d’un pan de notre histoire.

Quant à nous, comme nous avons choisi de privilégier l’emploi de termes corsophones tel que Lumiu ou Sant’Ambrosgiu pour nos échanges dans l’espace public afin de pérenniser la langue corse ; nous poursuivons avec Oci, qui malgré la perte d’une consonne, fait gagner à tout ceux qui se sont battus depuis des siècles « per un populu è una lingua », leurs lettres de noblesse.















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